Nouvel hôpital de Cannes

Des abords complètement ratés !

Comment un cabinet d'architecture peut dilapider l'argent public et massacrer le
relief d'un site naturel avec la coupable passivité des services techniques de la ville concernée





25/03/11

Si on devait décerner un prix en l'honneur des abords de l'équipement public les plus ratés de France, il faudrait l'attribuer aux parages du nouvel hôpital de Cannes.

Entendons nous bien, mon opinion sur l'hôpital lui-même est plutôt favorable je pense même qu'il est globalement réussi même si je ne l'ai pas visité. Ce qui déclenche mon ire, c'est la manière primaire et stupide dont l'architecte a dessiné les abords.

Voici la liste de mes griefs:

1) arasement brutal et injustifié du relief de la colline des Broussailles
2) mur de soutènement laid et irrégulier qui entaille sans raison le relief de la colline
3) palmiers allignés en rangs d'oignons
4) pauvreté végétale et paysagiste des abords
5) axialité artificielle de l'entrée principale
6) multiplicité excessive des entrées (5)
7) mesquinerie du trottoir d'accès
8) cheminements piétons sombres, glissants, angoissants et compliqués
9) étranges et dangereux dispositifs des traversées pédestres des chaussées
10) les cheminements piétons de couleur sombre ne se démarquent pas des chaussées
11) escalier d'honneur abrupte, encaissé et glissant
12) absence de main courante pour accompagner l'ascension ou la descente de l'escalier d'honneur
13) absence de main courante pour accompagner l'ascension ou la descente de la rampe handicapés
14) disposition non-fonctionnelle de l'escalier d'honneur selon une axialité artificielle et non fonctionnelle
15) portails surdimensionnés
16) parti pris d'un clôturage périphérique innaproprié à un équipement de cette ampleur
17) clôture de qualité médiocre et mal conçue
18) absence d'espaces aménagés pour les abri-bus
19) mauvaise visibilité de l'entrée principale
20) le chiffre de "près de 900 places de parking" annoncé dans la présentation vidéo officiel semble mensonger
21) absence de prise en compte de la traversabilité piétonne du quartier
22) mauvais retour d'angle du garde-corps


1) Arasement brutal et injustifié du relief de la colline des Broussailles

Il n'y avait aucune nécessité ni d'entailler ainsi le relief de la colline ni de mettre un garde corps si laid. Un simple talus, des gradins ou un enrochement paysager auraient été beaucoup plus agréables à l'oeil pour un coût bien moindre.

On aurait visualisé un joli relief en pente douce. Il aurait peut-être fallu organiser un peu différemment le parking avec des places en épi pour mieux rationaliser cet espace qui est sensé représenter l'accès noble à l'édifice.

2) mur de soutènement laid et irrégulier qui entaille sans raison le relief de la colline

La vue, côté rue, de ce garde-corps est au moins aussi laide que la précédente prise côté hôpital: Étrange clôture qui varie du simple garde corps à la clôture anti-intrusion. Il aurait été tellement plus agréable pour les piétons de disposer d'une lisse d'appui les accompagnant à hauteur constante tout le long de ce trottoir au lieu de quoi on a écran visuel qui empèche la vue lattérale sur l'ouvrage.

Comment peut-on concevoir puis réaliser un dispositif aussi laid et qui masque la vue ?

4) pauvreté végétale et paysagiste des abords

Minimum syndical! en ce qui concerne le lot jardins et aménagements paysagers.

Mauvaise visibilité de l'entrée principale.

5) axialité artificielle de l'entrée principale

Exemple typique d'une vue de l'esprit: il n'y avait aucune nécessité de faire un accès à cet endroit. En effet, les piétons usagers de l'hôpital préfèreront accéder par les entrées sud ou nord pour éviter de monter une côte puis la redescendre par un escalier impratique. On a l'impression que, dans l'esprit de l'architecte, cet escalier joue un rôle monumental et qu'il marque un axe majeur de son oeuvre mais c'est complètement raté à cause de l'étroitesse ridicule du trottoir qui y mène et du fait d'absence de visibilité de cet escalier sombre, masqué par le mur de soutènement et encaissé.

6) multiplicité excessive des entrées

Comme dit précédemment, on aurait très bien pu faire l'économie de l'escalier axial d'ambition prétentieuse d'apparat mais ridicule au final qui est une débauche de soutènement, de clôtures, de garde-corps et de portails surdimensionnés, ce qui aurait fait une entrée en moins à ce complexe hospitalier.

Pour voir le plan masse originel tel que je l'ai scané à l'Urbanisme de Cannes, cliquez l'image ci-contre qui apparaîtra dans un nouvel onglet de votre navigateur.

7) mesquinerie du trottoir d'accès

L'incroyable pingrerie de l'architecte me plonge dans un abîme de perplexité comme si il était propriétaire de la parcelle et comme si les abords d'un hôpital n'étaient pas des mètres carrés publics, il arroge à sa prétention vaine et ridicule la part du lion avec un espace vallonné qu'il entaille sauvagement pour une utilisation fallacieuse et ne laisse aux piétons qu'un étroit passage où on peut à peine se croiser. Au passage il récolte les commissions relatives à tous ces équipements inutiles (murs de soutènement dont on aurait pu se passer avantageusement, portails surdimensionnés, escalier et rampe handicapé).

10) les cheminements piétons de couleur sombre ne se démarquent pas de la chaussée

Ce parti pris de choisir un revêtement gris sombre pour les trottoirs est très inadapté au public d'un hôpital composé de patients ou de convalescents pour qui la déambulation est souvent difficile.

De plus le choix d'une couleur sombre ne démarque pas les cheminements du goudron noir de la chaussée.

Les patients ou leur accompagnants ne seront absolument pas en sécurité sur ces sortes de ralentisseurs que les automobilistes ne verront pas puisque qu'ils ne détonnent pas du revêtement noir de la chaussée.

En outre, je trouve extrêmement déplaisant d'utiliser les patients comme ralentisseurs du trafic en les exposant ainsi comme boucliers humains.

L'enceinte d'un hôpital ne doit pas être un lieu d'expérimentation de déambulations originales alors que les patients ne doivent pas être dépaysés des marquages de l'espace public qui leur sont familiers et qui sont constitués de bordures de trottoirs claires qui, normalement, ont pour fonction de délimiter clairement au sol les cheminements séparés des chaussées. Ici, on remarque l'absence de bordure et cet aspect glissant du béton teinté dans la masse qui contribue à cette impression angoissante.

11) escalier d'honneur abrupt, encaissé et glissant

Ceci est censé représenter l'accès principal à l'hôpital: un escalier abrupt, et encaissé dépourvu de main courante avec un revêtement gris sombre où des personnes âgées ou convalescentes sont censées déambuler. Ici un portail automatique surdimensionné qui pourrait résister à l'attaque d'un tank pour empêcher de simples piétons d'entrer ! Songez qu'il existe 5 accès à l'hôpital, ce qui représente autant de murailles de fer et que l'architecte touche une commission sur le montant des équipements. On comprend mieux son intérêt à surdimensionner les dispositifs!

On a vu par ailleurs qu'on aurait pu faire l'économie de cette entrée inutile source de dépenses inutiles

16) parti pris d'un clôturage périphérique innaproprié à un équipement de cette ampleur

Pour justifier cette débauche de clôtures et de dispositifs de fermetures aux 5 entrées de l'enceinte hospitalière, j'imagine que l'architecte s'abrite derrière une quelconque disposition réglementaire. Néanmoins, on est en droit de s'interroger sur l'opérationnalité d'une telle clôture. Viendrait-il à l'esprit d'aller clôturer la périphérie d'une mairie ou d'une église? Ici, on est en présence d'un véritable quartier composé de nombreux immeubles et services variés (crèche, urgences, hôpital, maison de retraite, dépositoire...). J'ai beaucoup de mal à imaginer que cette enceinte puisse jamais être réellement et complètement close, or, à quoi sert une clôture si elle est incomplètement fermée? à rien ! En plus des portails automatiques un préposé devra aller faire la tournée des serrures des portillons pour piétons et handicapés. A peine aura-t-il terminé sa tournée de fermeture qu'il devra entamer celle de leur ré-ouverture !

18) absence d'espaces aménagés pour les abri-bus

Par sa pingrerie déjà évoquée par ailleurs, l'architecte empêche l'implantation pourtant indispensable des abris de bus pour les nombreux cars qui désservent un équipement de cette ampleur.

Si, comme je l'ai déjà dit, l'architecte avait fait l'économie de ce dispositif coûteux mais complètement inutile en l'espèce, d'un mur de soutènement, il n'aurait pas aliéné le futur avec la deuxième ligne du BHNS où on devra tout refaire et, notamment, dépenser beaucoup d'argent pour abattre un mur inutile qu'on a mis beaucoup d'argent à ériger.

19) le chiffre de "près de 900 places de parking" annoncé dans la présentation vidéo officiel semble mensonger

Le chiffre de 900 places de stationnement annoncé sur la vidéo de présentation du nouvel hôpital est certainement sur-évalué parce qu'il correspond à une disposition théorique du permis de construire. Pour ce qui concerne les places en plein-air leur nombre ne devrait pas excéder plus de n.

On peut s'amuser à les compter sur le plan masse officiel que vous affichez en cliquant l'image ci-contre, mais l'exercice est complètement vain parce que, d'une part, il s'agit d'un plan masse périmé et, d'autre part, l'architecte a dessiné les stationnements n'importe comment et, qu'en réalité, leur nombre est bien moindre.

* * * * * * * * *

J'ai pu récupérer cette très intéressante vue aérienne sur bing.com. Elle est très riche de renseignements. On voit, notamment, le relief originel indiqué par la base du bâtiment des infirmières maintenant détruit. Cette vue nous sera très utile pour mieux comprendre ce complexe hospitalier.


30/03/11: J'hallucine ! Je comprends maintenant pourquoi les dictatures n'aiment pas les nouvelles technologies comme FaceBook ou Google !

Google Street permet d'apporter la démonstration que l'architecte n'avait nullement besoin d'horizontaliser le relief: On pouvait très bien, comme le montrent ces photos, disposer d'un joli plan légèrement incliné et légèrement bombé pour accueillir les parkings et les allées d'accès jusqu'à l'entrée principale du bâtiment.

Seule une clôture transparente, voire un simple et léger garde-corps aurait accompagné le regard sur des aménagements de parking paysagers en légère pente.

Dans cette hypothèse, nul besoin d'une rampe handicapés, nul besoin d'ériger un coûteux et compliqué mur de soutènement ou même d'un escalier grotesque.

Je tiens maintenant la preuve de la malversation l'abus de confiance ou de l'abus de position dominante du Cabinet d'Architecture et de la coupable passivité des Services Technique de la Ville de Cannes. Grâce à Google-Street et grâce à ces photos, je peux maintenant dénoncer haut et fort le gaspillage de l'argent public dans cette opération sans craindre la diffamation. Le fait que ces abus de confiance et de position dominante proviennent plus de l'amateurisme de l'architecte que d'une volonté de nuire n'enlève rien à la gravité des préjudices esthétique, fonctionnel et financier subis par les cannois.




Grand merci à Nice-Matin qui a bien relayé mon coup-de gueule de manière percutante





Ces 2 vues ci-dessus montrent qu'il n'était nullement nécessaire d'excaver le parvis de l'hopital.

* * * * * * * * *

Encore merci à Nice-Matin qui en remet une couche, un mois après le précédent article ci-dessus de fin avril 8-)